mercredi 20 octobre 2010

Entendu, et capital.

Une correspondante me fait remarquer une réflexion qui n'a, à ma connaissance, été relevée par aucun media.

Dans l'émission de France 5 "C'est dans l'air" d'hier, une jeune lycéenne a déclaré: on en a déjà marre de travailler au lycée, c'est pas pour travailler jusqu'à 60 ans.....

Je ne sais ce qu'imagine cette jeune fille pour vivre les, au moins  70 prochaines années,  sans travailler et sans contrainte. Dans l'Union d'hier, il y a un article sur les jeunes qui ne faisaient pas grève, et l'un d'eux disait: "il y en aura encore une dizaine de réformes avant qu'on soit en retraite". C'est plein de bon sens.

Combien d'emplois perdus en raison de ces grèves? J'ai lu qu'il y avait eu 45 000 emplois perdus en 1995. Est-ce vraiment le moment.

On entend beaucoup dire : il faut taxer davantage les revenus financiers. Cela semble séduisant. Pour la première fois, dans Le Monde économie de mardi, j'ai trouvé des explications intéressantes. Cet article est écrit par Pierre-Yves GOMEZ, économiste, professeur à l'EM Lyon et directeur de l'Institut français de gouvernement des entreprises. 

"En partant du cas de TOTAL, première capitalisation boursière française, qui a versé 5 milliards de dividendes en 2009, répartis entre : 
Deux fonds, de l'investisseur belge Albert Frère, qui possèdent 5,5% du capital ont reçu 290 millions.
Avec un peu moins de 4%, ce sont les salariés de Total qui forment le second groupe d'actionnaires et se sont répartis 210 millions.
Chaque action a rapporté 2,28 € à son détenteur.
En fin de liste le 810 ème actionnaire, un fonds américain, a reçu 285 €.
Entre les deux des fonds de retraite, français, européens et américains.

Le cas de Total est instructif, car il s'agit d'une des entreprises françaises dont le capital est le plus dilué dans le public, mais aussi celle qui verse le plus de dividendes. Il montre combien il est simpliste d'opposer systématiquement les revenus du capital à ceux du travail. A tort ou à raison, on a encouragé certains salariés à préparer leur retraite en plaçant leur épargne en sicav, fonds de placement et autres plans d'épargne entreprise. Ce sont donc aussi ces épargnants qui ont bénéficié, depuis vingt ans, de la hausse des revenus du capital. Si on taxait davantage les dividendes versés, on prélèverait sur cette épargne par capitalisation de quoi équilibrer le système de retraite par répartition.
Ce détour souligne la seconde limite de cette solution : le système de retraite par répartition deviendrait partiellement dépendant des revenus du capital. Plus il y aurait de dividendes versés, plus on ferait entrer de taxes pour assurer le paiement des retraites. L'effet pervers est évident : on légitimerait l'augmentation des profits, puisqu'on équilibrerait les comptes des retraites grâce aux performances financières des sociétés.
Il y a néanmoins un grand et inavouable intérêt à financer les retraites par une taxe sur les dividendes. Comme la moitié du capital des entreprises cotées est détenue par des investisseurs européens ou américains, on prélèverait alors de quoi financer les retraites des Français en taxant les dividendes des épargnants étrangers, dividendes obtenus (mais pas seulement) grâce au travail des salariés français... "







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