jeudi 4 septembre 2014

Pierre RICKMANS

Vous connaissez peut-être cet écrivain et sinologue belge sous son nom de plume : Simon Leys, pseudo pris en hommage au personnage du livre de Victor Segalen.  Il est mort au mois d'août.

Cet homme avait écrit en 1971 "Les habits neufs du président Mao" dans lequel il dénonçait la révolution culturelle en Chine et les millions de morts qui en ont résulté.

Mais à cette époque là, de nombreux intellectuels français se pâmaient devant Mao  après avoir été obligés de réviser leurs illusions sur le régime soviétique.

Le Monde dont le directeur de l'époque soutenait cette idéologie, ne tarissait pas d'articles élogieux sur la "révolution culturelle". Puis sur la "libération" du Cambodge par les Khmers rouges.

Il a fallu près de 6 ans pour que ce quotidien finisse par admettre l'ampleur de la tragédie, et acceptant enfin la vérité,  en admettant "l'aveuglement dont Le Monde ne fut pas exempt".

Paradoxalement, Le Monde, qui cet été a raconté en 12 épisodes les dates de sa propre histoire, a fait paraître dans la série : le jour où : Le jour où Le monde salua l'arrivée des Khmers rouges, quelques jours avant le décès de celui qui avait été vilipendé pour avoir dénoncé un régime horrible avant que la vérité soit connue de tous.

Les millions de morts du communisme puis du maoïsme n'empêchent pas certains de continuer à vouloir nous imposer ces idéologies néfastes.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Chère madame Syren,
Je vais, épisodiquement il est vrai, sur votre blog, dans l'espoir d'y trouver, peut-être, ci ou là quelque article qui pourrait à mes yeux présenter quelque intérêt. Ce qui exclut d'emblée vos articles et billets où se révèle à l'égard de la municipalité FN une complaisance qui cadre fort mal avec l'éthique dont vous semblez, par ailleurs, vouloir vous réclamer. Une véritable posture citoyenne se devrait d'exclure toute forme de justification ou de légitimation à l'égard de ce qu'il faut bien nommer la « farce démocratique » de l'actuelle majorité cotterézienne...
Mon propos n'est toutefois pas d'engager une polémique sur ce terrain. Ce serait donner du poids et de l'importance à une entreprise qui ne mérite d'autre réponse qu'un silence teinté de mépris.
Je ne m'attarderai donc que sur l'article intitulé Pierre Ryckmans. Vous prenez prétexte d'un livre de cet auteur, Les habits neufs du Président Mao, publié sous le pseudonyme de Simon Leys, pour vous livrer à la démonstration de l'anticommunisme primaire qui vous anime.
Je ne sais s'il s'agit de votre part d'une entreprise délibérée, ou si ce que vous omettez de dire n'est que le fruit d'une culture superficielle qui vous fait ignorer une information capitale à l'égard de Pierre Ryckmans, alias Simon Leys.
Simon Leys était situationniste, à l'instar de Guy Debord, Raoul Vaneighem, Asger Jorn, Constant, Giuseppe Pinot-Gallizio... Tous écrivains, poètes ou artistes qui ne pouvaient concevoir leur art en dehors d'une critique radicale de la société globale, dénommée, selon le concept de Debord, société du spectacle.
Cette critique radicale trouvait sa source dans les écrits du jeune Marx, et en particulier dans le concept marxien de l'aliénation.
Pour les situationnistes, l'opposition est-ouest, brandie comme le paradigme du clivage idéologique et géopolitique du monde de l'après guerre, n'était que le leurre, le mensonge d'un monde réellement renversé dans lequel « le vrai est un moment du faux » (formule par laquelle Debord détournait une citation célèbre de Hegel).
L'entreprise situationniste visait à démontrer l'identité profonde qui liait les deux univers, capitaliste et communiste, perçus comme l'avers et le revers d'une même médaille. Au spectaculaire diffus (le capitalisme) s'opposait sur le mode du leurre le spectaculaire concentré (le communisme). Ne retenir de l'analyse situationniste que la critique d'un système qui s'était fourvoyé dans une dictature bureaucratique (et confisquait par là-même le processus révolutionnaire) relève soit de la malhonnêteté intellectuelle, soit du délit d'ignorance.

La malhonnêteté intellectuelle est le lot commun du politique qui finit, à ce titre, par acquérir une légitimité. Mais quid, en ce cas, de l'éthique et de la vigilance dont vous vous réclamez ?
L'ignorance ou l'inculture affectent, certes, chacun de nous. Mais n'y a-t-il pas une espèce de devoir moral de l'auteur qui rend publics ses écrits, devoir qui consiste à s'assurer de la véridiction de ce que l'on avance en s'informant et se documentant sur le sujet que l'on aborde ?

Permettez-moi de conclure par une citation de Bernard Noël, évoquant la situation politique à laquelle nous ont conduits les partis gouvernementaux : « Ce désastre n'a qu'un avantage : celui de généraliser la conscience que la politique, pour ranimer la citoyenneté, devrait avant tout promouvoir une articulation de la langue qui garantirait la coïncidence des mots et de la réalité. »
Jean-Claude Monnier